Le troisième idéal du Reiki, celui qui exprime « Juste pour aujourd’hui, j’honore mes parents »
Les idéaux du Reiki, je les ai appris et récités de nombreuses années, sans avoir vraiment eu une explication profonde telle que Nita nous la donne dans son manuel de Reiki 1. Ce troisième idéal, j’étais incapable de l’intégrer ou disons que, mes sentiments de haine, de colère et d’incompréhension me bloquaient pour comprendre le vrai sens de cet idéal ou le vrai sens de cette philosophie à adapter dans sa vie de tous les jours, notamment face à nos aînés, nos parents.
" Juste pour aujourd’hui, je rends grâce pour mes nombreuses bénédiction" : oui cela ne me posait aucun problème me disais-je, « j’honore mes professeurs et mes aïeux » cela était même parfaitement naturel et rempli d’amour car j’adorais mes grands-parents, oncles, tantes et mes professeurs. Mes enseignants, je ne pensais qu’à mes professeurs d’école, de lycée, mais c’était ok aussi.
« Juste pour aujourd’hui, j’honore mes parents ». Mais non !!! Jamais de la vie !!! Cela était inacceptable et incompréhensible pour moi ; il était juste hors de question que j'honore mes parents compte tenu ce que j’avais vécu avec ou à cause d’eux toute ma vie, mon enfance, mon adolescence, ma vie d’épouse, de maman, de grand-mère ! Certes moi mais également mes deux sœurs cadettes.
Nous étions trois filles et chacune d’entre nous avons subi des violences, qu’elles soient physiques, psychologiques. L’émotionnel et le mental ont été mis à rude épreuve durant de longues années jusqu’à ce que chacune ait quitté le domicile familial pour construire une meilleure vie ailleurs. Ce que nous ressentions envers nos parents, c’était de la colère, de l’amertume, de la haine. Mais la haine, n’est-elle pas quelque part une forme d’amour ? Eloignées du reste de notre famille, grands-parents, oncles et tantes, nous n’avions aucun soutien. Nous étions seules face à cette situation.
Bien sûr que nos parents disaient toujours vouloir notre bien, était-ce la bonne manière de nous le montrer ? Ma question de toujours était : est-il nécessaire d’employer la force, la violence, la manipulation pour guider la vie de ses enfants ? Ne voient-ils pas tout le mal qu’ils sont en train de faire ? Autant du côté de la famille de mon père il n’y avait qu’amour, bienveillance, non jugement, entraide. Dans la famille de ma mère c’était tout le contraire. Le jour de mes 18 ans je me suis réfugiée chez mes grands-parents paternels, et l’année de mes 19 ans j’ai déménagé à Paris pour m’éloigner le plus possible, par la suite à Marseille et puis à Montpellier.
Les années ont passé, nous avions pris nos distances, coupé tout contact pendant presque 30 ans. Arrivés à la retraite mes parents se sont installés sur Montpellier. Pour moi c’était une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Pourtant, j’étais déjà praticienne et Maître Reiki, j’aurais dû suivre ce troisième idéal, mais impossible. Je restais à distance. Puis en 2014 ma mère a été gravement malade et a dû subir plusieurs opérations des cervicales en peu de temps, elle a également eu des problèmes cardiaques. L'issue des opérations était inconnue. J’ai donc revu mes parents puisqu’ils m’ont demandé de l’aide. Je me devais donc d’y faire face, d’accompagner ma mère lors de ses opérations mais aussi de prendre en charge le père durant ces mois.
Je l’ai accompagnée durant ses hospitalisations, j’étais présente lors de chaque opération à la demande du chirurgien, je me posais beaucoup de questions, notamment sur mes propres ressentis face à ce qui se passait. Le plus perturbant pour moi était que la haine, la colère ont cédé par moment la place à de la tendresse à son égard, peut-être même de l’amour. J’avoue que mon mari ne comprenait pas, qu’il n’était pas vraiment d’accord pour que je m’occupe de mes parents à ce moment-là car comme il me disait « qu’est-ce qu’ils vont encore nous faire par la suite ». J’ai de la chance d’avoir mon mari car il est rempli de douceur, d’amour, de sagesse, il s’inquiétait pour moi, pour nous, mais il m’a laissé faire
tout en restant en « observation ». Je pensais souvent à mes grands-parents paternels, mon grand-père était enseignant et un grand admirateur de Ghandi. Je me rappelle d’une de ses phrases qu’il nous disait
souvent : « Commencez à changer en vous ce que vous voulez changer autour de vous ».
Je lui demandais pourquoi mes parents ne le faisaient pas, il me répondait : ce n’est pas à
tes parents que je dis cela, mais à toi. Il me demandait : qui est dans la souffrance aujourd’hui ? Seulement toi et tes sœurs ? Penses-tu que ta mère a pu, un moment donné de sa vie être en souffrance elle aussi ? Si elle n’a pas compris ou réussi à changer, ne serait-ce pas à toi de faire ce chemin ?
Avec mes deux sœurs (de 3 et 11 ans mes cadettes) nous n’avons quasiment pas de relations familiales, l’une vit en Suisse, et ma plus jeune sœur ne vit qu’à quelques kilomètres de moi. Installer un relationnel familial serein, démuni de toute crainte et rempli d’amour est très compliqué par rapport à notre vécu avec nos parents.
Le 29 octobre 2020 ma mère est décédée du COVID au sein d’un Ehpad à Béziers. La nouvelle a eu l’effet d’un électrochoc sur moi. Elle n’était plus là. Et moi, contrairement à toutes mes imaginations j’ai pleuré ! Je n’en revenais pas de ma réaction. Je pensais que j’allais ressentir un soulagement énorme, c’était tout le contraire. Que de questions, des regrets ! Trois semaines plus tard, le 17 novembre, l’hôpital de Béziers m’a appelée pour m’annoncer qu’il fallait que je vienne immédiatement et que mon père, qui était hospitalisé depuis le mois de mars, n’en avait plus pour longtemps. Deuxième choc. J’étais
submergée d’émotions, de questions, de peurs, de craintes, c’était de loin la situation la plus compliquée que j’ai dû traverser dans ma vie au décès de mes parents.
Oui d’un coup je parlais de mes parents et plus de mes « géniteurs. Je ne comprenais pas mes réactions. D’où sortait d’un coup ce sentiment d’amour pour eux ? Pourquoi je me posais autant de questions sur les circonstances de leur fin de vie ? Et c’est là que ce troisième idéal a commencé à prendre toute son importance. Quand l’hôpital où se trouvait mon père m’a téléphoné, je suis immédiatement partie du travail, j’ai appelé ma sœur, je lui ai dit de venir avec moi, on n’a pas pu revoir « la mère », au moins viens avec moi voir le père, tu ne l’as pas vu depuis tant d’années, il est peut-être temps de faire la paix. Avec ma sœur cadette nous l’avons accompagné durant ses dernières heures. Nous étions chacune assise d’un côté de son lit d’hôpital. Il nous serrait nos mains, il nous regardait avec des larmes qui coulaient le long de son visage, il voulait nous parler mais il n’y arrivait plus. Nous avons passé deux journées auprès de lui. J’étais perdue, ma sœur aussi, mais il me fallait gérer. J’étais l’aînée et dans notre famille, en Allemagne, du moins dans notre famille, c’est l’aîné(e) qui doit gérer.
Je parlais à mon père. Parfois je me demandais, mais comment fais-tu ? Avec tout ce qu’il t'a fait, avec tout ce qu’ils nous ont fait ? Devant moi je ne voyais plus mon père fier,hautain, méchant, violent, non, je voyais un être humain en grande souffrance, je voyais mon père, il avait peur, il me regardait d'un regard suppliant.... Je remplissais sa chambre avec tous les symboles Reiki que je connaissais, je faisais de mon mieux. Je m’entendais lui parler, lui dire que je lui pardonne, je lui demandais de me pardonner... Perdre ses deux parents en trois semaines, je ne m’y attendais pas. Nous faisions face avec mes sœurs à des émotions, des questionnements, des doutes, des regrets, nous étions
submergées par autant de souffrances qui remontaient.
suite .....